2 janv / 19 juill - Saint Séraphin de Sarov
Saint Séraphin de Sarov
2 janvier / 15 janvier
Saint Séraphin de Sarov
Entretien de St Séraphin de Sarov avec Motovilov sur la manifestation de la présence de l'Esprit Saint
« Le Royaume des Cieux est la paix et la joie en l'Esprit Saint ».
- C'est ainsi! Dans l'acquisition de cet Esprit divin, donc, réside le véritable but de notre vie chrétienne, alors que la prière, la veille, le jeûne, la charité et les autres vertus en Christ ne sont que des moyens pour acquérir l'Esprit divin.
- Quand même, répondis-je, je ne comprends pas comment je peux être absolument sûr de me trouver dans l’Esprit-Saint ? Comment puis-je moi-même déceler en moi sa manifestation ?
Le Père Séraphin répondit :
- Je t’ai déjà dit que c’était très simple et je t’ai expliqué en détail comment les hommes se trouvaient dans l’Esprit-Saint et comment il fallait comprendre sa manifestation en nous… Que te faut-il encore ?
- Il me faut, répondis-je, le comprendre vraiment bien…
Alors le Père Séraphin me prit par les épaules et les serrant très fort dit :
- Nous sommes tous les deux, toi et moi, en la plénitude de l’Esprit-Saint. Pourquoi ne me regardes-tu pas ?
- Je ne peux pas, Père, vous regarder. Des foudres jaillissent de vos yeux. Votre visage est devenu plus lumineux que le soleil. J’ai mal aux yeux…
Et inclinant la tête vers moi, il me dit doucement à l'oreille :
- Remercie le Seigneur de nous avoir donné Sa Grâce ineffable. Tu as vu que je n'ai même pas fait un signe de croix ; seulement, dans mon cœur, en pensée, j'ai prié le Seigneur Dieu et j'ai dit: ‘Seigneur, rends-le digne de voir clairement avec ses yeux de chair la descente de l'Esprit Saint, comme Tu l'as fait voir à Tes serviteurs élus quand Tu daignas apparaître dans la magnificence de Ta Gloire ! ‘ Et voilà, Dieu exauça immédiatement l'humble prière de l'humble Séraphin ! Comment pourrions-nous ne pas Le remercier pour ce don inexprimable accordé à nous deux ? Réalise, ami de Dieu, que ce n'est pas toujours aux grands ermites que Dieu manifeste ainsi Sa Grâce. Telle une mère compatissante, cette Grâce de Dieu a daigné panser ton cœur douloureux par l'intercession de la Mère de Dieu elle-même. Alors, pourquoi ne me regardes-tu pas dans les yeux ? Ose me regarder simplement et sans crainte! DIEU EST AVEC NOUS ! »
Après ces mots, je regardai sa face et une peur surnaturelle encore plus grande m'envahit. Représentez-vous la face d'un homme qui vous parle au milieu d'un soleil de midi. Vous voyez les mouvements de ses lèvres, l'expression changeante de ses yeux, vous entendez sa voix, vous sentez que quelqu'un vous serre les épaules de ses mains, mais vous n'apercevez ni ses mains, ni son corps, ni le vôtre, mais seulement cette éclatante lumière qui se propage à plusieurs mètres de distance tout autour, éclairant la surface de neige recouvrant la prairie, et la neige qui continue à nous saupoudrer, le Père Séraphin et moi-même. Qui pourrait imaginer mon état ?
- Que ressens-tu à présent ? demanda saint Séraphin
- Je me sens extraordinairement bien, mais...
- Comment cela, « bien » ? En quoi consiste ce « bien » ?
- Je ressens en mon âme un silence, une paix, tels que je ne puis l'exprimer par des paroles.
- C'est là, ami de Dieu - dit le Père Séraphin - cette paix même que le Seigneur désignait à Ses disciples lorsqu'Il leur disait: « Je vous donne Ma paix, non comme le monde la donne. C'est Moi Qui vous la donne. Si vous étiez de ce monde, le monde aurait aimé les siens. Je vous ai élus et le monde vous hait. Soyez donc téméraires, car J'ai vaincu le monde ! » C'est à ces hommes, que le monde hait, élus de Dieu, que le Seigneur donne la paix que tu ressens à présent - « cette paix », dit l'Apôtre, « qui dépasse tout entendement ». L'Apôtre désigne ainsi cette paix parce qu'on ne peut exprimer par aucune parole le bien-être que ressent l'âme des hommes dans le cœur desquels le Seigneur Dieu l'enracine. Le Christ Sauveur l'appelle « Sa paix », venant de Sa propre générosité et non de ce monde, parce qu'aucun bonheur terrestre provisoire ne peut donner cette paix. Elle est donnée d'En Haut par le Seigneur Dieu Lui-même, c'est pourquoi elle se nomme : « LA PAIX DU SEIGNEUR ».
- Mais que ressens-tu en plus de la paix ? demanda saint Séraphin .
- ....une douceur extraordinaire...
- C'est cette douceur dont parlent les Saintes Écritures: « Ils boiront le breuvage de Ta maison et Tu les désaltéreras par le torrent de Ta douceur ». C'est cette douceur qui déborde dans nos cœurs et s'écoule dans toutes nos veines en un inexprimable délice. On dirait qu'elle fait fondre nos cœurs, les emplissant d'une telle béatitude qu'aucune parole ne saurait la décrire…. Et que ressens-tu encore ?
- Tout mon cœur déborde d'une joie indicible.
- Quand le Saint Esprit, continua saint Séraphin, descend vers l'homme et le couvre de la plénitude de Ses dons, l'âme de l'homme se remplit d'une inexprimable joie, parce que le Saint Esprit recrée en joie tout ce qu'Il a effleuré. C'est de cette même joie dont parle le Seigneur dans l'Évangile : « Quand la femme enfante, elle est dans la douleur, car son heure est arrivée. Mais, ayant mis au monde un enfant, elle ne se souvient plus de la douleur. Tant la joie d'avoir enfanté est grande… Vous aurez de la douleur dans le monde, mais quand Je vous visiterai, vos cœurs se réjouiront et votre joie ne vous sera point ravie ». Pour autant qu'elle soit consolation, cette joie que tu ressens à présent dans ton cœur, ami de Dieu, n'est rien en comparaison de celle dont le Seigneur Lui-même a dit par la voix de Son Apôtre : « La joie que Dieu réserve à ceux qui l'aiment ne peut être vue, ni entendue, ni ressentie par le cœur de l'homme dans ce monde »…. Ce ne sont que des « acomptes » de cette joie qui nous sont à présent accordés, et si déjà nous ressentons en nos cœurs, douceur, jubilation et bien-être, que dire alors de cette autre joie qui nous est réservée dans le ciel à nous qui pleurons ici-bas ? Ainsi, ami de Dieu, toi aussi tu as assez pleuré dans ta vie sur cette terre, et regardes par quelle joie te console dès ici-bas le Seigneur. Maintenant, c'est à nous d'œuvrer en accumulant les efforts, accroissant notre force pour atteindre la mesure de l'âge (maturité) dans l'accomplissement de l'œuvre du Christ et pour que les paroles du Seigneur s'accomplissent en nous: « Ceux qui patienteront au nom du Seigneur changeront de force, obtiendront des ailes, tels des aigles, s'épancheront sans fatigue, partiront sans connaître jamais la faim, accroissant leur force, et le Dieu des dieux leur apparaîtra dans la Sion de sagesse et de visions célestes ». C'est alors que notre joie actuelle, trop petite et éphémère, nous sera donnée en sa plénitude sans que personne puisse nous la ravir et nous remplira de jouissances célestes inexprimables.
- Que sens-tu en plus de cela, ami de Dieu ?
- Une chaleur extraordinaire, répondis-je.
- Comment cela, une chaleur ? Ne sommes-nous pas en pleine forêt, en hiver, la neige, sous nos pieds, qui continue à nous saupoudrer et nous recouvre d'une couche épaisse? Quelle chaleur peux-tu ressentir ici ?
- Une chaleur comparable à celle d'un bain de vapeur à l'instant où son tourbillon vous enveloppe.
- Et l'odeur que tu sens, est-elle aussi comme aux bains ?
- Oh ! que non, dis-je. Rien sur la terre ne peut se comparer à cet aromate. Quand autrefois j'aimais danser, aux réunions et aux bals, feu ma petite mère me parfumait parfois avec des parfums qu'elle achetait dans les meilleurs magasins de Kazan. Mais ces parfums ne sont rien en comparaison de ces « aromates ».
Le Père Séraphin, alors, sourit agréablement en disant:
- Je sais, en vérité, que c'est bien ainsi et c'est exprès que je questionne sur ce que tu ressens ! C'est bien vrai, ami de Dieu, que rien ne peut être comparé avec le parfum que nous humons actuellement, car c'est l'aromate de l'Esprit Saint qui nous enveloppe. Quelle chose terrestre peut lui être comparée ? Note bien, ami de Dieu, que tu m'as dit tout à l'heure, qu'il faisait chaud comme aux bains. Pourtant regarde, la neige qui nous recouvre ne fond point, non plus que celle qui est sous nos pieds : cette chaleur n'est donc pas dans l'air, mais à l'intérieur de nous-mêmes. C'est cette chaleur que l'Esprit Saint nous fait demander dans la prière, quand nous clamons vers Dieu: « Que Ton Saint Esprit me réchauffe ! ». Réchauffés par cette chaleur, les ermites ne craignaient plus le froid de l'hiver, habillés comme par des pelisses chaudes dans un vêtement tissé par la Grâce de l'Esprit Saint. Et c'est ainsi que les choses doivent être en réalité, puisque la Grâce divine doit habiter au plus profond de nous, dans notre cœur, comme l'a dit le Seigneur: «LE ROYAUME DES CIEUX EST EN VOUS». Et, par le «Royaume des Cieux», le Seigneur entendait la Grâce de l'Esprit Saint. C'est ce « Royaume des Cieux » qui se trouve à présent en nous, et la Grâce de l'Esprit Saint nous éclaire et nous réchauffe aussi de l'extérieur, et embaume l'air environnant de divers parfums et réjouit nos sens de célestes délices, désaltérant nos cœurs d'une inexprimable joie. Notre état actuel est celui-là même dont l'Apôtre Paul disait : « LE ROYAUME DES CIEUX N'EST POINT NOURRITURE OU BREUVAGE, MAIS LA VÉRITÉ ET LA JOIE EN L'ESPRIT SAINT ». Notre foi consiste non pas en « des paroles de la sagesse terrestre mais dans la manifestation de la Force et de l'Esprit ». Nous sommes actuellement avec vous dans cet état. C'est de cet état précis que le Seigneur Dieu dit : « Certains ici présents ne goûteront point la mort avant d'avoir vu le Royaume des Cieux venir en “Force“ ». Voilà, ami de Dieu, quelle joie incomparable le Seigneur Dieu nous accorde ! Voilà ce que signifie « être en la plénitude de l'Esprit Saint », et c'est cela qu'entend saint Macaire d'Égypte quand il écrit : « Je fus moi-même en la plénitude de l'Esprit Saint ». Maintenant le Seigneur nous a, nous aussi, humbles que nous sommes, remplis de cette plénitude de Son Saint Esprit. Eh bien, ami de Dieu, il me semble à présent que tu n'iras plus m'interroger sur la façon dont se manifeste dans les hommes la présence de la Grâce de l'Esprit Saint...
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