Les offices dans l'Eglise Orthodoxe
Les offices dans l'Eglise Orthodoxe
C’est dans le culte liturgique que l’Église s’exprime pleinement. Et c’est par la participation aux offices divins que, pour chacun de nous, se fait la première véritable rencontre avec l’Église. Lorsque nous entrons pour la première fois dans une église ou que nous commençons à fréquenter une paroisse, nous sommes accueillis par un rite liturgique de l’Église orthodoxe, profondément touchant et mystique : le prêtre prononce des prières (parfois dans une langue inconnue), le chœur chante des hymnes spirituels, une lumière douce et apaisante se répand depuis les cierges, les icônes représentent le Christ, la Mère de Dieu et les saints, et le parfum de l’encens remplit l’espace. Nous avons l’impression d’être transportés dans un autre monde, où le temps semble suspendu, comme si nous touchions à l’éternité.
Avant même de connaître la doctrine de l’Église, ses fondements dans l’Écriture Sainte, le Credo, ou son administration ecclésiale, c’est par l’office liturgique que nous entrons en contact personnel avec l’Église.
De plus, cette dimension liturgique, pleine de grâce, est la véritable manifestation de l’Église dans toute la plénitude de la grâce divine, reposant sur la présence du Christ.
Voici un peu d’histoire pour comprendre notre Église. Le rite de l’Église orthodoxe s’est formé à Byzance. Beaucoup de gens connaissent la Rome antique, mais très peu connaissent l’Empire byzantin, ou Byzance. L’Empire romain a existé du VIIIe siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C. Mais au IVe siècle, alors que le déclin de l’Empire romain d’Occident se profilait, l’un de ses brillants empereurs, Constantin le Grand, qui fut le premier à reconnaître officiellement le christianisme par l’Édit de Milan en 313, déplaça la capitale de l’Empire à Constantinople, rebaptisant ainsi l’ancienne ville de Byzance. Constantin lui-même fut baptisé chrétien peu avant sa mort.
Ce déplacement de la capitale peut être comparé à un moment de l’histoire de la Russie, lorsque l’empereur Pierre Ier le Grand quitta l’ancienne capitale Moscou et en fonda une nouvelle, Saint-Pétersbourg. Constantin fonda ainsi un nouvel Empire romain – l’Empire byzantin – avec Constantinople pour capitale.
Aujourd’hui, cette ville s’appelle Istanbul. Elle se trouve en Turquie, sur le Bosphore, là où la mer Noire rejoint la mer de Marmara, et où l’Europe touche l’Asie Mineure. L'Empire byzantin a perduré plus de mille ans, devenant un État chrétien qui a donné de nombreux saints orthodoxes, moines, écrivains spirituels, architectes et iconographes. C’est depuis Byzance que la Rus’ de Kiev, ainsi que toute l’Europe de l’Est (Serbie, Bulgarie, Roumanie), ont adopté le christianisme. Les Russes appelaient les Byzantins des « Grecs » en raison de leur langue grecque, mais les Byzantins eux-mêmes se désignaient, avec une certaine fierté, comme « Romains ».
La science théologique qui étudie l’office chrétien s’appelle la « liturgiologie ». Dans la tradition orthodoxe, le rite est connu sous le nom de « rite byzantin ». Ce rite a été influencé par deux courants principaux : les offices solennels des grandes églises épiscopales et les offices plus simples des monastères. Parmi toutes les branches du christianisme aujourd’hui, le rite liturgique orthodoxe est considéré comme le plus développé et le plus riche en symboles, prières et traditions.
Les offices orthodoxes se divisent en offices publics et privés.
Les offices publics sont célébrés pour tous:
- Vêpres : Office du soir qui marque la fin de la journée et le début du nouveau jour liturgique. Il est célébré en fin d’après-midi ou en début de soirée, souvent accompagné de psaumes et de prières qui nous conduisent au repos et à la contemplation.
- Matines : Office du matin, généralement célébré à l’aube ou avant la Divine Liturgie. Il prépare les fidèles à entrer dans la nouvelle journée avec des prières de louange et des hymnes, éclairant les âmes pour les premières heures du jour.
- Divine Liturgie : Office central de l’Église orthodoxe, où les fidèles participent au Mystère de l’Eucharistie.
Ces offices, célébrés dans des églises ou des chapelles, sont accessibles à tous les fidèles et même aux visiteurs. Ils permettent à chacun de s'unir à la prière de l’Église et de vivre la foi en communauté.
Les offices privés sont célébrés à la demande personnelle des fidèles, et on peut citer par exemple :
- Baptêmes : Sacrement par lequel une personne est accueillie dans l’Église orthodoxe.
- Funérailles : Office célébré pour accompagner le défunt dans son passage vers l’au-delà.
- Mariages : Sacrement unissant deux personnes devant Dieu..
Le Typikon est un recueil de règles et de directives qui régissent la célébration des offices liturgiques dans l'Église orthodoxe. Il sert de guide pour les prêtres, les chantres, et les fidèles concernant la manière de célébrer les sacrements et les offices, ainsi que pour l'organisation des services dans les églises et les monastères. Le Typikon est un document fondamental qui structure la vie liturgique de l'Église orthodoxe, garantissant que la richesse des rites et des prières soit transmise de génération en génération.
Le Typikon préconise d’accomplir ces offices tous les jours, ce qui est pratiqué dans nos monastères.
Les offices orthodoxes sont classés en cycles liturgiques : quotidien, hebdomadaire et annuel.
Le cycle journalier se compose des offices qui sont accomplis au cours d'une journée. Ils sont au nombre de neuf :
- Vêpres (les jours liturgiques commencent le soir)
- Complies
- Office de minuit
- Matines.
- 1ère heure.
- 3ème heure.
- 6ème heure.
- Liturgie.
- 9ème heure.
Le livre liturgique contenant ces offices s’appelle le Livre des Heures.
Le cycle hebdomadaire – chaque jour de la semaine est dédié à des commémorations spécifiques :
- Dimanche – à la résurrection du Christ
- Lundi – aux saints anges
- Mardi – à Jean le Précurseur
- Mercredi – à la Croix (jour de jeûne)
- Jeudi – aux apôtres
- Vendredi – à la Croix (jour de jeûne)
- Samedi – à tous les saints et aux morts
Les hymnes du cycle hebdomadaire se trouvent dans le livre liturgique « Octoèque ».
Cycle annuel – chaque jour de l’année est dédié à un saint ou à un évènement spécifique. L’année liturgique commence en septembre. Citons seulement les douze fêtes majeures. Elles sont dédiées au Christ et à la Mère de Dieu :
- Nativité de la Mère de Dieu (21 septembre)
- Exaltation de la Croix (27 septembre)
- Entrée de la Mère de Dieu au Temple (4 décembre)
- Nativité du Christ (7 janvier)
- Baptême du Christ (19 janvier)
- Sainte Rencontre (5 février)
- Annonciation (7 avril)
- Entrée du Seigneur à Jérusalem (une semaine avant Pâques)
- Ascension (le 40e jour après Pâques)
- Pentecôte (le 50e jour après Pâques)
- Transfiguration (19 août)
- Assomption de la Mère de Dieu (28 août).
La fête de Pâques n’est pas comprise parmi les douze fêtes, car , selon l’expression liturgique, elle est « la Fête des fêtes et la Célébration des célébrations ».
Le parallèle est évident : les douze fêtes, avec Pâques, rappellent les douze apôtres aux côtés du Christ.
Les offices des jours du cycle annuel se trouvent dans les livres liturgiques des Ménées (composés de 12 volumes, un pour chaque mois), ainsi que dans le Triode de Carême et le Triode fleuri (qui couvre la période de Pâques à la Pentecôte).
De nombreux offices privés existent, rassemblés dans le livre liturgique appelé «Eucologe (ou Euchologe)». Nous ne mentionnerons ici que les saints sacrements. Un sacrement est un office divin au cours duquel la grâce salvatrice et sanctifiante de Dieu est conférée aux chrétiens.
Il y a sept sacrements :
- Baptême.
- Chrismation.
- Pénitence (ou confession).
- Communion.
- Onction des malades.
- Mariage.
- Sacerdoce.
En plus des offices mentionnés précédemment, souvent accomplis par un prêtre, les chrétiens orthodoxes prient quotidiennement de manière individuelle. Chaque chrétien orthodoxe lit les prières du matin et du soir chez lui, soit en entier, soit sous forme abrégée. Ces prières se trouvent dans le « Livre de prières ». En plus des prières du matin et du soir, le « Livre de prières » contient également des prières à réciter durant la journée, avant et après la communion, ainsi que des canons, des acathistes, des psaumes, et bien d’autres.
L’office divin est une prière, une conversation avec Dieu. L’apôtre Paul a écrit : « Priez constamment » (1 Thessaloniciens 5:17). L’Orthodoxie prend cet appel au pied de la lettre. Dans le monachisme orthodoxe et parmi les laïcs, il existe une pratique particulière, celle de la « Prière de Jésus », qui consiste à répéter sans interruption une courte prière adressée au Christ. Cette forme de prière est une caractéristique essentielle de la spiritualité orthodoxe. Parfois, un chapelet est utilisé pour cela : «Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur (pécheresse).»
L’une des langues liturgiques utilisées dans l’Église de tradition russe est parfois le slavon. Cette langue a été introduite dans la liturgie par les saints Cyrille et Méthode au IXe siècle, lors de la christianisation des Slaves. Une version utilisée aujourd’hui est une version du slavon qui remonte au XVIIIe siècle.
Ceux qui sont engagés en faveur de l'utilisation du slavon dans les rites religieux et la liturgie rappellent que l'avantage du slavon réside dans sa capacité à créer une atmosphère particulière et sacrée, contrairement à la langue ordinaire qui simplifie involontairement les mots, les termes et le style de prière.
D'après l'article "Orthodoxie et Liturgie" du site https://eglise-russe-liege.org/
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