Paroisse Orthodoxe de l'Annonciation Angers

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Le Grand Carême orthodoxe et le calendrier du Jeûne 2025

Carême post

 

 

 

Le Grand Carême : Un Temps de Retenue et de Tempérance

Le Grand Carême est une période consacrée à la retenue et à la tempérance, non seulement dans l’alimentation, mais aussi dans nos pensées, nos paroles et nos actes. C’est un chemin de purification qui nous prépare à la grande lumière de la Résurrection du Christ.

 

Dans cet article, nous vous proposons d’abord la puissante homélie de saint Basile le Grand (329-379) sur le jeûne, qui en révèle toute la profondeur spirituelle.

 

Ensuite, un calendrier pratique du jeûne pour l’année 2025 vous aidera à vivre cette sainte période selon la tradition de l’Église.

 

 

HOMÉLIE SUR LE GRAND CARÊME

Saint Basile le Grand

 

Sonnez de la trompette, dit le psaume, en ce premier jour du mois, au jour glorieux de votre grande fête (Ps.80, 4). Telle est la commandement du Roi-Prophète. Cependant, plus fort que la trompette et plus clair que tous les instruments de musique, les lectures que nous venons d’entendre annoncent une fête qui prépare aux jours du jeûne. Isaïe nous enseigne ses bienfaits, en rejetant la manière dont les Juifs jeûnaient et en nous montrant le véritable jeûne. « Vous jeûnez pour débattre et pour vous quereller », leur dit-il, « mais rompez tout lien d’iniquité » (Is.58, 4 et 6). Et que dit le Seigneur ? « Lorsque vous jeûnez, ne soyez pas tristes, mais lavez votre visage et parfumez votre tête » (Matth.6, 16). Suivons donc ces enseignements : ne soyons pas tristes pendant les jours du Grand Carême qui s’approchent. Accueillons-les avec un visage radieux, comme il convient à des saints. Aucun homme à qui l’on met une couronne sur la tête ne se laisse abattre, et personne ne célèbre une victoire avec un visage de tristesse. Ne soyez pas affligés lorsque vous êtes guéris. Il est absurde de ne pas se réjouir de la santé de l’âme, de se chagriner du retrait de quelques nourritures et de montrer plus de hâte pour les plaisirs du corps que pour la sanctification de l’âme. Le plaisir de manger satisfait le corps, mais le jeûne profite à l’âme. Réjouissez-vous de ce que le Médecin vous a donné un remède qui chasse le péché. Les vers qui infestent les entrailles d’un enfant ne peuvent être éliminés que par des médicaments amers ; de même, le jeûne, pénétrant jusqu’au fond de l’âme, chasse et fait mourir le péché qui y réside.

Lavez votre visage et parfumez votre tête. Ces paroles sont empreintes de mystère et doivent être comprises dans un sens spirituel. « Lavez votre visage » signifie effacer les péchés de votre âme. « Parfumez votre tête » indique qu’il faut répandre sur votre tête l'huile sainte [faire la Sainte Onction], pour participer ainsi à la vie de Jésus-Christ. Approchez-vous du jeûne dans cet esprit. Ne déguisez pas votre visage comme les hypocrites. On déguise son visage lorsqu’on cache ses vrais sentiments sous des apparences fausses, quand on les dissimule, comme si l’on mettait un voile d’imposture. Les hypocrites sont semblables aux comédiens qui jouent des rôles étrangers. Sur scène, l’esclave peut être représenté comme un maître, et le simple citoyen comme un roi. De même, dans la vie, beaucoup se déguisent et montrent en public ce qu’ils ne portent pas dans leur âme. Ne déguisez pas votre visage. Montrez-vous tel que vous êtes. Ne prétendez pas être triste et sobre dans l’espoir de paraître abstinent. Un bienfait annoncé avec fanfare perd toute sa valeur ; le jeûne exposé aux regards humains ne profite à rien. Les bonnes actions faites pour être vues des hommes ne conduisent pas à la vie éternelle, mais se perdent dans les vaines louanges des hommes. Venez donc avec joie recevoir la grâce du jeûne.

 

Le jeûne est un don ancien. Il ne vieillit pas, il ne se démode pas, mais il se renouvelle toujours et fleurit pleinement. Penses-tu que je considère que son ancienneté provient de l'époque de la Loi ? Le jeûne est même plus ancien que la Loi. Si tu attends un peu, tu te convaincras de la vérité de ce qui est dit. Ne pense pas que le jour de purification prescrit aux Israélites pour le dixième jour du septième mois [fête juive de Yom Kippour]  (cf. Lévitique 16,29) marque le début du jeûne. Approfondis l’histoire et cherche l’origine ancienne du jeûne. Le jeûne n'est pas une nouveauté, mais un trésor des pères. Tout ce qui est ancien mérite le respect. Honore l’ancienneté du jeûne, car il est aussi vieux que l’humanité elle-même. Le jeûne a été institué au paradis. Il représente le premier commandement donné à Adam : « Ne mangez pas du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal » (Genèse 2,17). « Ne mangez pas » est l’institution du jeûne et de l’abstinence. Si Ève n’avait pas mangé du fruit de cet arbre, nous n’aurions pas aujourd’hui besoin de  [la prochaine Grande] période de jeûne, car ce ne sont pas les personnes en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades (cf. Matthieu 9,12). Nous souffrons à cause du péché. Que nous soyons guéris par la repentance. Cependant, la repentance sans jeûne n’est pas active. « Maudite soit la terre… Des épines et des ronces y pousseront » (Genèse 3,17-18). Il t’a été ordonné de souffrir, et non de vivre dans le plaisir. Par le jeûne, tu te justifies devant Dieu. Et même la façon de vivre au paradis avait la forme du jeûne, non seulement parce que l’homme était un ministre angélique, s’efforçant d’être modéré comme les anges eux-mêmes, mais aussi parce que ceux qui étaient nourris au paradis ne pensaient pas aux choses que l’intellect humain a inventées plus tard : ni au vin, ni aux sacrifices [d'animaux], ni à tout ce qui obscurcit l’esprit humain.

 

Le jeûne est un moyen de revenir au paradis, car c'est à cause du non-respect du jeûne que l'humanité a été expulsée du jardin d'Éden. Si nous jeûnons, nous pouvons ainsi espérer retourner à ce lieu d'origine. Ne vois-tu pas que c'est le jeûne qui a ouvert à Lazare l'entrée du ciel (Luc 16,20-31) ? Ne sois pas comme Ève, qui, par sa désobéissance, a cédé aux conseils du serpent et a succombé à la tentation de satisfaire ses sens. Ne te justifie pas par ta maladie ou ta faiblesse : tes excuses ne sont pas adressées à moi, mais à Celui qui connaît tout. Tu dis ne pas pouvoir jeûner, mais tu sais bien que manger sans retenue détruit ton corps en l’alourdissant de nourriture. En revanche, les médecins prescrivent une diète stricte aux malades, et non une alimentation variée. Pourquoi supporter la surcharge alimentaire et ne pas pouvoir s'abstenir de manger ? N'est-ce pas plus facile de passer la nuit après un repas frugal que d'agoniser dans ton lit, lourd de nourriture et de vin ? Quand un navire est trop chargé, même une petite houle peut le submerger, alors qu'un navire léger et bien équilibré peut affronter la mer avec facilité. De même, les corps humains, trop chargés par la nourriture, sont vulnérables aux maladies, tandis que ceux qui se contentent d'une nourriture simple échappent à ces menaces. Croiras-tu vraiment qu'il est plus difficile de se reposer que de courir, ou que la nourriture excessive soit plus bénéfique qu'une diète modérée ? La force qui soutient la vie assimile facilement ce qui est modéré et simple, tandis que la surcharge alimentaire engendre des maladies.

 

Mais reprenons l’histoire du jeûne, et montrons comment tous les saints, le recevant les uns des autres comme un patrimoine, l’ont transmis jusqu'à nous de pères en fils par une succession ininterrompue. On ne connaissait point le vin dans le paradis terrestre, on n'y tuait point d'animaux, on n'y mangeait point de chair. C'est après le déluge que le vin a été connu ; c'est après le déluge qu'il a été dit aux hommes: Nourrissez-vous de tout ce qui a vie et mouvement ; je vous l'abandonne, comme les légumes et les herbes de la campagne (Gen.9,3-4). C'est lorsqu'on a désespéré de la perfection [des hommes], qu'on leur a accordé cette jouissance. Ce qui prouve qu'on n'avait aucune expérience du vin , c'est que Noé en ignorait l'usage. Cela n'était pas encore entré dans la vie des hommes, et son usage ne leur était connu. N’ayant pas vu comment vin agissait sur les autres et ne l’ayant pas expérimenté sur lui-même, Noé s’enivra imprudemment. Noé planta la vigne, dit l'Ecriture , il but de son fruit , et s'enivra (Gen. 9, 20) : non qu'il fût coupable, mais il ignorait la quantité de vin qu’on pouvait se permettre. Ainsi les hommes n'ont connu le vin qu'au sortir du paradis terrestre, alors que la dignité du jeûne est bien plus ancienne.

 

Nous savons que Moïse s'est approché de la montagne en jeunant. Jamais il n'eût osé monter sur cette cime fumante, jamais il n'eût eu la hardiesse de pénétrer dans la nue , s'il n'eût été muni du jeûne ( Exode 34, 28. ). C'est le jeûne qui a permis de recevoir la loi écrite de la main même de Dieu sur des tables. Au sommet de la montagne, le jeûne obtenait du Seigneur la loi, tandis qu'en bas, la gourmandise précipitait le peuple dans tous les excès de l'idolâtrie. Le peuple s'assit pour manger et pour boire, et il se leva pour jouer (Exode 32,6 ). Ce qu’un serviteur fidèle avait obtenu par la prière et le jeûne durant quarante jours, une seule faute d’intempérance le réduisit à néant. Les tables de la Loi, écrites de la main de Dieu et reçues dans l’abstinence, furent brisées sous l’effet de l’excès de vin, le prophète jugeant qu’un peuple ivre n’était pas digne de ce précieux trésor divin. Ce peuple, pourtant instruit par les plus grands prodiges de Dieu, fut entraîné par la gourmandise dans l’idolâtrie des Égyptiens. Comparez ces faits et voyez : le jeûne nous rapproche de Dieu, tandis que la recherche des plaisirs nous conduit à la perte.

Poursuivons notre chemin à travers l’histoire sainte. Qu’est-ce qui a avili Ésaü et l’a rendu esclave de son frère ? N’est-ce pas un simple plat qui lui a fait céder son droit d’aînesse ? Samuel, n’a-t-il pas été donné à sa mère en réponse à sa prière unie au jeûne ? Qu’est-ce qui a rendu le vaillant Samson invincible ? N’est-ce pas encore le jeûne ? Il fut conçu après le jeûne de sa mère, porté en son sein dans l’abstinence. Le jeûne l’a fait naître, l’a nourri, l’a fortifié et l’a rendu un véritable héros. Il a fidèlement suivi le commandement de l’ange : « Il ne mangera rien qui provienne de la vigne, il ne boira ni vin ni liqueur fermentée. » (Juges 13,14).

Le jeûne engendre les prophètes, affermit les puissants et instruit les législateurs. Il est le gardien de l’âme, le compagnon fidèle du corps, l’armure des braves et le gymnase des athlètes. Il repousse les tentations, inspire la piété, enseigne la sobriété et cultive la modestie. Il donne courage dans la bataille et apprend à chérir la paix. Il sanctifie les Nazaréens et consacre les prêtres, car nul ne peut offrir le sacrifice sans lui, ni dans le culte mystique et véritable de notre temps, ni même dans l’ancienne loi qui n’en était que la préfiguration.

 

C’est par le jeûne qu’Élie a été béni d’une vision extraordinaire. Après quarante jours de purification par le jeûne, il mérita de voir le Seigneur dans la caverne de l’Horeb, autant qu’il est possible à un homme. C’est encore après avoir jeûné qu’il rendit l’enfant à la veuve et triompha de la mort elle-même. La parole d’un homme sobre ferma le ciel pendant trois ans et six mois, punissant un peuple infidèle. Il partagea lui-même cette épreuve, pour attendrir des cœurs durs et rebelles : « Vive le Seigneur ! Il ne tombera de pluie sur la terre que selon la parole qui sortira de ma bouche. » (1 Rois 17,1).

 

Par la famine, il contraignit tout un peuple à jeûner, afin de corriger les désordres nés du luxe et de la débauche. Quant au prophète Élisée, comment vivait-il ? Comment fut il reçu chez la Sunamite ? Comment nourrissait-il les autres prophètes ? Avec des herbes sauvages et un peu de farine. Mais un poison s’était glissé parmi les plantes cueillies, et tous ceux qui en mangèrent risquaient la mort. Pourtant, la force du jeûne et la prière du prophète neutralisèrent le venin.

 

Enfin, c’est le jeûne qui a conduit tous les saints à une vie selon Dieu.

 

Il existe une pierre appelée amiante, que le feu ne peut consumer. Jetée dans les flammes, elle semble se réduire en charbon, mais une fois retirée, elle en ressort plus pure, comme si elle avait été lavée dans l'eau. Ainsi étaient les corps des trois jeunes hommes dans la fournaise de Babylone : le jeûne leur avait conféré les propriétés de l'amiante. Plongés au cœur d'un brasier ardent, ils demeuraient invulnérables au feu, plus résistants encore que l'or. En effet, loin de fondre sous la chaleur, leurs corps restèrent intacts, surpassant même la solidité du métal précieux.

Et pourtant, rien ne pouvait résister à cette flamme, attisée par des amas de sarments, de soufre et de bitume, qui s’élevait à quarante-neuf coudées de hauteur, dévorant tout ce qui l’entourait et consumant de nombreux Chaldéens. Mais ces jeunes hommes, fortifiés par le jeûne, foulèrent le brasier aux pieds. Ils respiraient un air frais et doux au milieu du feu, qui épargna jusqu'à leurs cheveux, nourris et entretenus par l’ascèse.

 

Daniel , cet homme de désir, après avoir passé trois semaines sans manger de pain et sans boire de vin , apprit aux lions à jeûner dans la fosse : leurs dents ne purent entamer son corps, comme s'il eût été de pierre, ou de fer, ou de quelque autre matière plus dure. Le jeûne avait donné au corps du Saint une trempe de nature à émousser les dents de ces animaux féroces , qui n'entreprirent pas même de le dévorer. Ainsi le jeûne éteint les flammes et adoucit les lions.

 

Le jeûne élève la prière vers les cieux, lui servant d’ailes pour s’élever toujours plus haut. Il est la parure des foyers, le père de la santé, l’éducateur de la jeunesse, l’ornement des vieillards, le compagnon fidèle des voyageurs, le soutien sûr des époux. Un mari ne soupçonne pas l’infidélité de sa femme lorsqu’il la voit s’unir au jeûne ; une femme n’est pas tourmentée par la jalousie lorsqu’elle voit son mari embrasser le jeûne. Qui a jamais appauvri son foyer en jeûnant? Comparez ce que vous possédez aujourd’hui et ce que vous aurez après le jeûne : rien n’aura diminué. Là où règne l’abstinence, nul cri de bête mourante ne se fait entendre, le sang ne coule pas, aucune voracité insatiable ne prononce de sentence contre les animaux. Le couteau du boucher repose, et la table se satisfait des fruits offerts par la nature.

 

Le sabbat avait été donné aux Juifs pour que leurs bêtes de somme et leurs serviteurs puissent se reposer (Exode 20,10). Que le Grand Carême soit, pour ceux qui vous servent toute l’année, un temps de répit après leurs labeurs incessants. Que votre cuisinier se repose, que l’échanson prenne un moment de répit, que celui qui prépare mille mets raffinés cesse enfin son travail. Que votre maison retrouve le calme, libérée du tumulte, de la fumée et des odeurs de cuisson, de ce va-et-vient incessant de serviteurs soumis à l’estomac, ce maître impitoyable. Même les collecteurs d’impôts accordent parfois un moment de répit à ceux qu’ils prélèvent. Que l’estomac, insatiable et jamais rassasié, qui reçoit aujourd’hui et oublie demain, accorde lui aussi un armistice de cinq jours à la bouche. Rassasié, il prône la tempérance ; mais sitôt vide, il oublie toutes ses belles résolutions.

 

Le jeûne ne connaît ni dettes ni usure : la table de l’homme sobre est épargnée par ces intérêts oppressants qui s’enroulent comme des serpents. Ses enfants ne portent pas non plus le fardeau d’un héritage grevé de dettes. Le jeûne, en outre, est une source de joie. L’eau semble plus douce à celui qui a soif, et la faim donne de la saveur aux mets. Ainsi, l’abstinence, en interrompant l’abondance, ravive l’appétit et rend la nourriture plus agréable. Si tu veux apprécier pleinement ce que tu manges, alterne festin et jeûne. L’excès de plaisirs en émousse la saveur, et la jouissance continue finit par engendrer le dégoût. Les meilleures choses perdent leur attrait lorsqu’elles sont trop fréquentes, tandis que la rareté attise le désir. C’est ainsi que notre Créateur, dans sa sagesse, a instauré l’alternance afin que nous goûtions avec plus de gratitude aux dons quotidiens qu’Il nous accorde. Ne vois-tu pas que le soleil resplendit davantage après la nuit, que le réveil est plus doux après le sommeil, et que la santé est plus précieuse après la maladie ? Il en va de même pour la nourriture : elle est plus savoureuse après le jeûne, tant pour le riche dont la table est abondante que pour le pauvre dont le repas est humble et frugal.

 

Craignez le sort du riche de l'Évangile, que les plaisirs et l'abondance ont conduit aux tourments de l'enfer (Luc 16,19 et suiv.). Ce n'est pas pour ses injustices, mais pour sa vie de mollesse et d'excès qu'il a été condamné au feu éternel. Et quel est le remède à ce feu, sinon l’eau ?

 

Le jeûne n’est pas seulement bénéfique pour la vie future ; il est aussi un allié pour la santé du corps. Un excès d’embonpoint épuise l’organisme, qui peine à en supporter le poids. Ne méprisez donc pas l’eau aujourd’hui, de peur de la supplier plus tard, ne fût-ce que pour une seule goutte, comme le mauvais riche. L’eau n’a jamais enivré personne, elle n’alourdit ni la tête ni les membres. Celui qui boit de l’eau marche d’un pas sûr, sans avoir besoin du soutien d’autrui.

 

L’intempérance engendre de mauvaises digestions et provoque des maladies redoutables. En revanche, celui qui jeûne a un visage empreint de dignité. Son teint n'est ni éclatant ni marqué par une rougeur insolente, mais embelli d'une pâleur empreinte de sagesse. Son regard est doux, sa démarche mesurée, son air réfléchi. Il évite les rires bruyants et inconsidérés ; ses paroles sont justes et modérées, et son cœur demeure pur.

 

Rappelez-vous les saints des siècles passés , dont le monde n'était pas digne, qui erraient couverts de peaux, manquant de tout, persécutés, affligés (Heb.11, 37-38). Imitez leur conduite, si vous voulez obtenir leur gloire.

 

Qu’est-ce qui a valu à Lazare d’être accueilli dans le sein d’Abraham, sinon le jeûne ? Toute la vie de Jean-Baptiste fut un jeûne continuel : il ne possédait ni lit, ni table, ni terre à cultiver, ni bœuf pour labourer, ni grain, ni serviteur pour le moudre ; en un mot, rien de ce qui est habituellement nécessaire à l’existence. C’est pourquoi, parmi ceux qui sont nés de femme, nul ne fut plus grand que Jean-Baptiste (Mt.11,11).

 

Saint Paul, parmi toutes les épreuves dont il se glorifiait, évoque particulièrement le jeûne, qui l’éleva jusqu’au troisième ciel. Quant à notre Seigneur Jésus-Christ, Il fortifia par le jeûne la chair qu’Il avait prise pour nous. Il voulut ainsi affronter dans cette même chair les attaques du démon, nous enseignant par là comment nous préparer aux luttes contre la tentation. Lui, que Sa divinité rendait inaccessible au tentateur, s’est abaissé jusqu’à notre condition humaine, Lui donnant ainsi l’occasion de l’assaillir sous l’apparence de la faiblesse.

 

Enfin, au moment de monter aux cieux, Il prit de la nourriture (Luc 24,43), non par nécessité, mais pour attester la réalité de Sa résurrection.

 

Cependant, vous ne cessez d’engraisser votre corps, sans vous soucier un instant de l’esprit que vous épuisez en ne le nourrissant pas de doctrines salutaires et vivifiantes ! Ne savez-vous pas qu'aider un côté, c'est souvent en faire chuter l'autre ? Ceux qui se laissent dominer par la chair soumettent l’esprit, tandis que ceux qui se tournent vers l’esprit triomphent de la chair, car ces deux puissances s’opposent l’une à l’autre. Si donc vous voulez fortifier l’esprit, vous devez dompter la chair par le jeûne.

 

L'apôtre dit ainsi : "Plus l'homme extérieur se détruit en nous, plus l'homme intérieur se renouvelle" (2Cor.4,16). Et ailleurs : "Quand je suis faible, c'est alors que je suis fort" (2Cor.12,10). Ne méprisez-vous pas les nourritures corruptibles ? Ne désirez-vous pas la table du Royaume céleste, que le jeûne ici-bas préparera pour vous ? Ne savez-vous pas que l'intempérance engendre pour vous un cruel bourreau : le ver de la gourmandise ? Qui jamais dans les délice, continuelles d'une table abondante, mérita de participer aux grâces spirituelles?

 

Tant qu'ils mangeaient de la manne et buvaient de l'eau tirée du rocher, ils remportaient la victoire sur les Égyptiens, ils traversaient la mer à pied sec, et il n'y avait pas de malades parmi eux (Ps.104,37). Mais lorsqu'ils regrettèrent les pots de viande d’Égypte et retournèrent dans ce pays par leurs désirs, ils furent privés du bonheur d'atteindre la terre promise. Cet exemple ne vous effraie-t-il pas ? Ne craignez-vous pas que votre attachement aux mets terrestres ne vous prive des biens éternels ?

 

 

Le sage Daniel n’aurait pas eu de visions extraordinaires s’il n’avait purifié et illuminé son âme par le jeûne. Les vapeurs qui s’élèvent d’une nourriture riche sont comme un nuage épais qui obstrue la lumière de l’Esprit-Saint, laquelle éclaire nos intelligences. Si les anges prennent de la nourriture, ce n’est que du pain, comme le dit le Prophète : "L'homme a mangé du pain des anges" (Ps.77, 25), et non de la viande, du vin, ou de tout ce que recherchent avidement les esclaves du ventre.

Le jeûne est une arme par laquelle nous triomphons des démons, car ce genre de démons ne s’expulse que par la prière et le jeûne (Mt. 17,21). Quels bienfaits merveilleux le jeûne apporte-t-il! L’intempérance est la source de troubles immenses. Les mets raffinés et les vins exquis éveillent des passions bestiales. Les délices excitent la convoitise et allument des désirs furieux, qui rendent les hommes semblables à des chevaux indomptés. L’excès de vin bouleverse l’ordre naturel et corrompt l’usage des sexes.

 

Le jeûne, au contraire, préserve la modestie et la continence dans le mariage. Il enseigne même à se priver des choses permises, et à ce que les époux, d’un commun accord, se suspendent certains droits pendant un temps pour se consacrer à la prière (1Cor.7, 5).

 

Prenez garde cependant de réduire l’avantage du jeûne à la simple abstinence de viande. Le véritable jeûne consiste à s’abstenir des vices. Rompez tout lien d’injustice (Isaïe 58, 6). Pardonnez à votre prochain les torts qu’il vous a causés, remettez-lui ses dettes. Ne jeûnez pas dans le but de semer la discorde et de mener des querelles. Vous ne mangez pas de chair, mais vous dévorez votre frère. Vous vous abstenez de vin, mais vous ne maîtrisez aucune de vos passions. Vous attendez le soir pour vous nourrir, mais vous gaspillez votre journée dans les tribunaux. Malheur à ceux que, non pas le vin, mais que leurs passions  enivrent (Isaïe 51,21).

 

La colère est une ivresse de l'âme, elle trouble et emporte l'esprit, tout comme le vin. La tristesse, elle aussi, est une forme d’ivresse, car elle submerge la raison. La crainte est une autre forme d’ivresse, quand elle nous fait trembler sans raison. « Délivre mon âme, dit David au Seigneur, de la crainte de mon ennemi » (Psaume 63,2). En général, toute passion violente qui trouble la raison peut être appelée ivresse. Imaginez un homme emporté par la colère : cette passion le rend ivre, il n’est plus maître de lui-même ; il ne reconnaît plus ceux qui l’entourent. Il s’élance sur tous ceux qu’il croise, comme dans une bataille nocturne, il frappe sans savoir ce qu’il dit, il est incontrôlable, injurie, menace, crie, se livre à toute sa rage.

Évitez cette ivresse, mais ne vous attachez pas non plus à l’ivresse du vin. Ne laissez pas le vin vous précéder dans la quête de l’eau. L’ivresse ne doit pas vous conduire au jeûne. Le jeûne ne se pratique pas par le biais de l’ivresse, tout comme la cupidité ne mène pas à la justice, ni l’intempérance à la chasteté, ni le vice en général à la vertu. En résumé, ce n’est pas à travers le vice qu’on accède à la vertu. Le jeûne se pratique par un autre chemin. L’ivresse conduit à l’intempérance, tandis que la tempérance conduit au jeûne. L’athlète se prépare au combat par des exercices, et celui qui jeûne se prépare en s'exerçant à l'abstinence.

 

Ne tentez pas de contourner la loi, ne vous « vengez » pas des jours de jeûne en vous abandonnant à l’excès de vin. Sinon, vous peinerez en vain : vous épuiserez votre corps sans que cela ne vous apporte de réconfort. L’estomac est une réserve peu fiable : vous versez du vin dans un tonneau percé, et il s’écoule. Le vin s’en va, mais le péché demeure. Un serviteur fuit le maître qui le frappe, mais vous ne vous éloignez pas du vin qui chaque jour frappe votre tête.

 

La meilleure mesure pour le vin est de ne le prendre que pour les besoins du corps. Si vous franchissez les limites, le lendemain vous aurez la tête lourde, vous serez fatigué, étourdi, et vous exhalerez une odeur d’alcool. Vous croirez que tout autour de vous tourne. L’ivresse provoque un sommeil qui frôle la mort, et un réveil qui ressemble à une sorte de rêve éveillé.

 

Savez-vous qui est Celui que vous attendez pour Le recevoir? C’est Celui qui nous a promis : «Moi et mon Père viendrons, et Nous ferons en lui Notre demeure» (Jean 14,23). Pourquoi donc vous laissez-vous d’abord envahir par l’ivresse fermant ainsi la porte au Seigneur? Pourquoi permettez-vous à l’ennemi de prendre possession de votre âme? L’ivresse ne reçoit pas le Seigneur. L’ivresse chasse l’Esprit Saint. L’intempérance chasse la grâce, tout comme la fumée chasse les abeilles. Le jeûne est l’ornement de la ville, le bien-être du marché, la paix des maisons, la protection des biens.

 

Voulez-vous comprendre sa grandeur? Comparez ce soir à celui qui viendra demain : vous verrez comment le bruit et le tumulte se transforment en un calme profond. J’aimerais que nous soyons aussi sages aujourd’hui que nous le serons demain, et que demain ne soit pas moins joyeux qu’aujourd’hui.

 

Que le Seigneur, qui fait succéder les temps les uns aux autres, nous accorde, après nous être exercés comme de valeureux athlètes et avoir pratiqué sans relâche la tempérance, d’arriver au jour où seront remises les couronnes. Qu’Il nous accorde, après avoir suivi l'exemple du Sauveur souffrant dans cette vie, de recevoir dans la vie future la récompense de nos efforts, de la main du souverain Juge, à qui soit la gloire pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

 

 

Refectoire moines

 

 

 

CALENDRIER DU JEÛNE 2025

 

Nous vous proposons ici les différents types de jeûne pratiqués dans l'Église orthodoxe, ainsi que ce qui y est généralement observé. Cependant, chaque personne doit suivre les conseils de son prêtre et/ou de son père spirituel, qui sauront adapter le jeûne en fonction de son état spirituel, psychique et physique.

 

Dans l’Église orthodoxe, plusieurs niveaux de jeûne existent, chacun avec ses particularités :

 

  • Le jeûne total : une abstinence complète de nourriture et de boisson jusqu’au coucher du soleil.

 

  • Le jeûne sec : il consiste à ne consommer de la nourriture qu’à un seul repas par jour, composé exclusivement d’aliments végétaux non cuisinés, sans huile ni vin (ni aucune boisson alcoolisée). Contrairement au jeûne total, l’eau et les boissons non alcoolisées sont autorisées.

 

  • Le jeûne à l’eau : il permet de manger plusieurs fois par jour des aliments végétaux, toujours sans huile ni vin, mais  qui peuvent être cuits à l’eau. Les boissons non alcoolisées sont également permises.

 

  • Le jeûne à l’huile : les repas peuvent contenir des aliments végétaux préparés avec de l’huile, consommés plusieurs fois dans la journée. Une petite quantité de vin est autorisée, ainsi que certains fruits de mer (crabes, calmars, coquillages, mollusques).

 

  • Le jeûne au poisson : en plus des aliments végétaux, il permet de consommer du poisson et une petite quantité de vin, tout en s’abstenant des autres produits d’origine animale.

 

Ces différentes formes de jeûne s’adaptent aux capacités de chacun, toujours dans un esprit de tempérance et de purification spirituelle.

 

Voici donc le calendrier pour la période du Triode 2025: 

 

  • Semaines préparatoires
  • Grand Carême 
  • Semaine Sainte 

 

 

Jour de la semaine  Date  Office  Jeûne 
dimanche 09/02/2025 Dimanche du Publicain et du Pharisien Viande permis
lundi 10/02/2025   Viande permis
mardi 11/02/2025   Viande permis
mercredi 12/02/2025   Viande permis
jeudi 13/02/2025   Viande permis
vendredi 14/02/2025   Viande permis
samedi 15/02/2025   Viande permis
dimanche 16/02/2025 Dimanche du fils prodigue  Viande permis
lundi 17/02/2025   Viande permis
mardi 18/02/2025   Viande permis
mercredi 19/02/2025   Jeûne à l'eau 
jeudi 20/02/2025   Viande permis
vendredi 21/02/2025   Jeûne à l'huile 
samedi 22/02/2025 Samedi des défunts  Viande permis
dimanche 23/02/2025 Dimanche du Jugement dernier.
Dimanche du carnaval.
Dimanche de la viande .
Dernier jour de viande 
lundi 24/02/2025   Viande non  permise, produits laitiers et œufs permis chaque jour, en plus de l'huile et de légumes 
mardi 25/02/2025  
mercredi 26/02/2025  
jeudi 27/02/2025  
vendredi 28/02/2025  
samedi  01/03/2025  
dimanche 02/03/2025 Dimanche de pardon. Dimanche de l'expulsion du Paradis. Dimanche des laitage. 
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Vêpres du Pardon 
lundi 03/03/2025 19h Grand Canon de st André  Jeûne total si possible 
mardi 04/03/2025 19 Grand Canon de st André  Jeûne total si possible 
mercredi 05/03/2025 19h Grand Canon de st André  Jeûne total si possible 
jeudi 06/03/2025 19h Grand Canon de st André  Jeûne à l'eau 
vendredi 07/03/2025   Jeûne à l'eau 
samedi 08/03/2025  saint Théodore de Tiron Jeûne à l'huile 
dimanche 09/03/2025 Triomphe de l'orthodoxie, Premier dimanche du Grand carême -  Jeûne à l'huile 
lundi 10/03/2025   Jeûne à l'eau 
mardi 11/03/2025   Jeûne à l'eau 
mercredi 12/03/2025   Jeûne à l'eau 
jeudi 13/03/2025   Jeûne à l'eau 
vendredi 14/03/2025   Jeûne à l'eau 
samedi 15/03/2025   Jeûne à l'huile 
dimanche 16/03/2025 2ème dimanche du Grand Carême
Dimanche de saint Grégoire Palamas
Le Dimanche des Reliques
Jeûne à l'huile 
lundi 17/03/2025   Jeûne à l'eau 
mardi 18/03/2025   Jeûne à l'eau 
mercredi 19/03/2025   Jeûne à l'eau 
jeudi 20/03/2025   Jeûne à l'eau 
vendredi 21/03/2025   Jeûne à l'eau 
samedi 22/03/2025   Jeûne à l'huile 
dimanche 23/03/2025 3e dimanche du Grand Careme : dimanche de la Sainte Croix

Anticipation de l'Annonciation 
Jeûne à l'huile 
lundi 24/03/2025 Avant Fête  Jeûne à l'huile 
mardi 25/03/2025 L'Annonciation  Jeûne au Poisson 
mercredi 26/03/2025 Après Fête  Jeûne à l'huile 
jeudi 27/03/2025   Jeûne à l'eau 
vendredi 28/03/2025   Jeûne à l'eau 
samedi 29/03/2025   Jeûne à l'huile 
dimanche 30/03/2025 4e dimanche du Grand Careme : dimanche de saint Jean Climaque Jeûne à l'huile 
lundi 31/03/2025   Jeûne à l'eau 
mardi 01/04/2025   Jeûne à l'eau 
mercredi 02/04/2025   Jeûne à l'eau 
jeudi 03/04/2025   Jeûne à l'eau 
vendredi 04/04/2025   Jeûne à l'eau 
samedi 05/04/2025   Jeûne à l'huile 
dimanche 06/04/2025 5e dimanche du Grand Carême : dimanche de sainte Marie l'Égyptienne Jeûne à l'huile 
lundi 07/04/2025   Jeûne à l'eau 
mardi 08/04/2025   Jeûne à l'eau 
mercredi 09/04/2025   Jeûne à l'eau 
jeudi 10/04/2025   Jeûne à l'eau 
vendredi 11/04/2025 Liturgie des Saints Dons pré-sanctifiés  Jeûne à l'eau 
samedi 12/04/2025 Samedi de Lazare  Jeûne à l'huile 
dimanche 13/04/2025 Rameaux  Jeûne au Poisson 
lundi 14/04/2025   Jeûne à l'eau 
mardi 15/04/2025   Jeûne à l'eau 
mercredi 16/04/2025 18h: Office  de l’huile sainte Jeûne à l'eau 
jeudi 17/04/2025 Liturgie ? 18h: Office des 12 évangiles Jeûne à l'eau 
vendredi 18/04/2025 15h Grand Vendredi Saint - Vêpres du vendredi saint / Office de la mise au tombeau Jeûne total 
samedi 19/04/2025 Liturgie de Samedi Saint?
Vêpres de Pâques 
Jeûne sec 
Samedi soir  19/04/2025 19h30 :Matine et Liturgie de Pâques  Fête, tous les aliments sont permis 
dimanche 20/04/2025 Pâques 

 

 

 

 



02/03/2025

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