Commémoration des défunts dans l'Eglise Orthodoxe
La mort est le seul événement déterminé, inévitable, auquel l’homme doit s’attendre, c’est indéniable - à moins que le second avènement du Christ ne survienne avant. La mort est un mystère, pour nous les humains, elle n’est pas naturelle, elle est contraire au plan divin, car Dieu nous a créés pour la vie éternelle.
Dans sa sagesse, notre Eglise prend soin de chaque être humain s’appuyant sur le Saint Evangile, qui nous enseigne que notre Seigneur Jésus Christ est le Dieu des vivants : il n’y a pas des morts en Lui, seulement des vivants (Luc 20-38). Notre Eglise a donc établi des jours de commémoration des défunts : ces jours sont fixés le plus souvent un samedi, sauf pour « Radonitsa », le Mardi Joyeux, qui est célébré dans la tradition russe après le Dimanche de Thomas (premier dimanche après Pâques).
En plus de ces jours spéciaux dédiés aux défunts, tous les samedis (et surtout les deuxième, troisième et quatrième samedi du Grand Carême) leurs sont dédiés, car notre Seigneur Jésus-Christ a été crucifié le Vendredi Saint, Il a été mis au tombeau, où il est resté le Samedi Saint, avant Sa Résurrection Glorieuse, instituant ainsi le samedi comme jour des défunts. Les chrétiens orthodoxes, s'ils en ont l'occasion, peuvent venir à l'église le samedi, allumer un cierge et se souvenir dans leurs prières de leurs proches décédés. Le Dimanche, le Seigneur est ressuscité et a remporté la victoire sur la mort, nous donnant à tous une nouvelle vie, une nouvelle communauté, une nouvelle communion avec Dieu et entre nous les humains.
Nous formons tous le corps mystique de l'Église. L'Église du Christ inclut le Seigneur en tant que tête de cette Église, la Sainte Mère de Dieu, et tous les saints Martyrs et autres Saints, ainsi que nous, les vivants, qui sommes encore dans l'Église établie dans ce monde. Tous ceux qui se sont endormis dans le Seigneur appartiennent à cette même Église.
C'est notre devoir - si l'amour pouvait imposer un devoir - de nous souvenir de nos défunts. Nous sommes une communauté ; nous le resterons même après leur mort et la nôtre, lorsque elle surviendra, en demeurant avec Dieu, avec tous les saints et tous nos défunts.
Il est très important de prier à l’Eglise pour nos défunts au cours de ces offices dédiés, car ils ont besoins de nos prières. Mais nous avons également besoin des leurs, car eux aussi prient pour nous, dans la liberté de ceux qui ont été reçus dans le Royaume de notre Dieu Tout-Puissant.
La prière la plus importante consacrée aux défunts se fait au cours de chaque Liturgie, au moment de la Proscomidie, la préparation des Saints Dons. Pour faire la mémoire des chrétiens défunts, les noms de chacun d’eux sont mentionnés devant notre Dieu vivant et le Royaume céleste, en prélevant des parcelles de la prosphore. Par cette mention liturgique dans le cadre du Saint Mystère de l'Eucharistie - Mystère du salut du monde, les péchés des défunts sont pardonnés. C'est pourquoi il est essentiel de donner au prêtre les noms des défunts, afin qu'ils soient mentionnés dans l'église.
L’office spécifique dédié à la mémoire des défunts est appelé la Panikhide :
- La Grande Panikhide est un office célébré pour tous les orthodoxes défunts
- La Petite Panikhide est dédiée à la mémoire des personnes spécifiques, souvent parents ou amis du fidèle qui en fait la demande
L’office de Panikhide est différent des funérailles. Les fidèles préparent pour l’office de panikhide un gâteau au blé (kolyvo ou colybes), du vin rouge, et un cierge.
Le blé rappelle de manière symbolique les paroles du Christ selon lesquelles le grain ne porte ses fruits que lorsqu'il meurt. Il ne les offre pas dans l'obscurité de la terre, mais dans la lumière du soleil. Le blé est le symbole du corps mortel et de l'âme immortelle dans la lumière du Royaume céleste. Le vin rouge, que le prêtre verse sur le blé, représente la miséricorde divine par laquelle les blessures du péché sont guéries. Le cierge est le symbole de la lumière du Christ, qui a dit : "Je suis la lumière du monde." Cette lumière devrait nous rappeler la lumière par laquelle le Christ illumine les âmes des défunts.
Le nombre d'offices de Panikhide n’est pas limité. Habituellement, ces offices sont célébrés au moment du décès de la personne, au quarantième jour, six mois après le décès et puis chaque année, à l’anniversaire de la présentation de la personne devant Dieu. L’office du quarantième jour est le plus important, après celui des funérailles. Selon l’enseignement de notre Eglise, le quarantième jour après le décès, l’âme du défunt se présente devant Dieu. Il est conseillé de célébrer cet office le quarantième jour même, sur le tombeau du défunt, mais si cela n’est pas possible, nous pouvons le faire le samedi précédant le quarantième jour. Si nous ne sommes pas en mesure de nous rendre au cimetière, nous pouvons célébrer l’office à l’église.
L’église orthodoxe a dédié plusieurs jours dans l’année à la mémoire des tous les défunts. Dans notre Archevêché il s’agit des jours suivants :
- Le samedi précédant le Dimanche de Carnaval
- le 9 mars 2024
- Le Mardi Joyeux (Radonitsa) – cet office permet de reprendre les offices pour les défunts après la fête de Pâques, dans la joie et avec la foi en la résurrection
- 14 mai 2024
- Le Samedi avant la Pentecôte
- 22 juin 2024
- Le Samedi avant la saint Dimitri
- 19 octobre 2024
Comme nous avons déjà dit précédemment, toute l’Eglise orthodoxe célèbre des offices spécifiques pour tous les fidèles endormis en Dieu, et tout particulièrement les deuxième, troisième et quatrième samedi du Grand Carême. Le jour de la décollation de saint Jean le Baptiste (29 août) est également dédié à la commémoration des soldats tombés sur le champ de bataille.
Les cimetières sont les lieux de l’inhumation de nos proches. Nous sommes invités à prier pour nos proches, à y célébrer les Panikhides et à entretenir les tombes de nos proches de manière correcte.
L'Église, dans un geste de grande indulgence envers les proches du défunt, autorise un service funèbre pour celui qui a été incinéré. Néanmoins, concernant la crémation des défunts, il est important de noter qu’elle n'est pas une coutume chrétienne.
Le décalage le plus important, dans la vision orthodoxe de la vie et de la mort, concerne le suicide. Le suicide est considéré comme le plus grand péché, car le suicidé n'a pas l'occasion de se repentir après son acte. Les orthodoxes prient Dieu sans cesse de leur accorder « Une fin de vie paisible, sans douleur, sans honte… » , ce qui est en opposition totale avec la violence d’un suicide. Autrefois, les suicidés n'étaient pas enterrés dans les cimetières. L'Église prive le suicidé de son droit aux honneurs funèbres chrétiens. Avec la permission de l'évêque, seul un bref service commémoratif peut être effectué sur la tombe du suicidé, et cela ne se fait pas le jour des funérailles.
Que le Seigneur se souvienne de ses serviteurs décédés, qui ont vécu dans la foi, et qu'il nous aide à garder à l'esprit l'heure de notre rencontre avec Lui, le Juge Juste, afin que nous vivions maintenant avec cette foi et cette vie selon la foi orthodoxe.
Christ Pantokrator
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