La Liturgie Orthodoxe : Signification et Déroulement
Célébration liturgique dans l'église orthodoxe
La Liturgie Orthodoxe : Signification et Déroulement
Le terme « liturgie » signifie « service commun ». L’office dans l’Église est toujours un rassemblement de croyants, comme le dit le Christ : « Car là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18, 20).
Dans l’Église orthodoxe, il existe de nombreux et différents offices : les Vêpres, les Matines, les Heures, l’office de minuit, les offices d’intercession, les pannychides, et bien d’autres.
Cependant, le service central et le plus important est celui de la Liturgie.
Pourquoi ?
Parce que durant la Liturgie nous accomplissons le sacrement de l’Eucharistie : le pain et le vin deviennent le véritable Corps et le véritable Sang du Christ. En communiant, nous nous unissons au Christ et avons la possibilité d’être sanctifiés par les Saints Dons.
Le mot « Eucharistie » signifie « action de grâce ». Par la liturgie eucharistique, l'homme rend grâce à Dieu, et le remercie pour toutes choses.
Les Heures
Avant le début de la Liturgie, les « offices de la Troisième et de la Sixième Heure » sont lus. Ces anciens offices monastiques correspondent à neuf heures du matin (Troisième Heure) et midi (Sixième Heure), et ils préparent les croyants à la Liturgie. Les offices des Heures comportent des psaumes et divers prières, comme le psaume 50 à la Troisième Heure : « Aie pitié de moi, Dieu, selon Ta grande miséricorde… », qui exprime la repentance, et il est considéré comme une véritable hymne de la repentance profonde, et le psaume 90 à la Sixième Heure : « Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut Repose à l’ombre du Tout Puissant … », exprimant l’espérance en Dieu.
La Proscomidie
Pendant la lecture des Heures, le prêtre effectue dans le sanctuaire la Proscomidie, première partie de la Liturgie durant laquelle le pain (prosphore) et le vin sont préparés pour l’Eucharistie. À l’origine, les fidèles apportaient les prosphores et le vin pour la Liturgie, d’où le nom « Proscomidie », qui signifie « offrande, apport ». Au cours de la Proscomidie, le prêtre commémore les vivants et les défunts en retirant une parcelle de la prosphore pour chacun d’eux. Ainsi, avant la Liturgie, nous présentons des diptyques avec les noms de nos proches, vivants et défunts. [Le mot « prosphore »signifie également « offrande ».]
L’Encensement de l’Église
Avant le début de la Liturgie, le prêtre ou le diacre encense l’église. Le parfum de l’encens symbolise la grâce et la félicité célestes, rappelant les demeures éternelles du Royaume de Dieu.
L’Encensement de l’Église
La Liturgie de la Parole et la Liturgie Eucharistique
La Liturgie se divise en deux parties :
- la première, dominée par la Parole (lectures, sermon, etc.), est la « Liturgie de la Parole ».
- La seconde, où les Dons sont consacrés, est la « Liturgie eucharistique ».
La Liturgie de la Parole
Début de la Liturgie : L’Écténie de Paix
Après l’exclamation « Béni est le Règne du Père, du Fils et du Saint-Esprit… », une série de demandes commence par « En paix prions le Seigneur », c’est-à- dire «prions dans la grâce de Dieu». Ensemble, ces demandes forment l’ « ecténie » ou «prière intensifiée», à laquelle le chœur répond par « Kyrie eleison » [ ou "Gospodi pomiluj" ... "Kyrie eleison" est une expression grecque, "Gospodi pomiluj" en salovon qui signifie "Seigneur, prends pitié" ou "Seigneur, aie pitié "] après chaque demande. La première ecténie, la plus importante, est l’ « ecténie de paix » ou « grande écténie » qui couvre tous les aspects de la vie humaine, aussi bien spirituels que quotidien ordinaire.
Chant des psaumes
Ensuite, le chœur chante les psaumes 102 et 145.
Ces psaumes glorifient Dieu et contiennent des enseignements profonds :
- Psaume 102: «Mon âme, bénis le Seigneur.… Car il pardonne toutes tes offenses / et te guérit de toute maladie. … Le Seigneur est compatissant et miséricordieux, / longanime et plein de miséricorde … L’homme! ses jours sont comme l’herbe, Il fleurit comme la fleur des champs. … Mais la bonté de l’Éternel dure à jamais pour ceux qui le craignent…»
- Psaume 145: «Mon âme exalte le Seigneur. … Je veux … chanter mon Dieu tant que je serai. Ne mettez pas votre foi dans les princes, dans un fils d’homme impuissant à sauver.… Heureux celui qui a pour secours le Dieu de Jacob, Qui met son espoir en l’Éternel, son Dieu!…».
Une petite litanie est prononcée entre ces deux psaumes. Elle commence par les mots « Encore et encore… » et consiste en la première et dernières demandes de la grande litanie de paix.
De plus, un hymne composé au VIème siècle et glorifiant le Christ ressuscité est chanté dans cette partie de la liturgie« Le Fils unique … ».
Les Béatitudes et la Petite Entrée
Le chœur chante ensuite les Béatitudes : « Bienheureux les pauvres en esprit, , car le royaume des cieux est à eux! Bienheureux les affligés, car ils seront consolés! … » (Matthieu chapitre 5). À ce moment, les portes royales de l’iconostase s’ouvrent [dans les églises qui disposent d’un iconostase, ce qui n’est pas le cas dans notre paroisse d’Angers], et le prêtre, et les autres servants, effectuent la Petite Entrée, le prêtre portant l’Évangile du Sanctuaire dans la nef (la partie de l’église qui accueille les fidèles).
Le chœur chante: « Venez, adorons et prosternons-nous devant le Christ. Sauve-nous, ô Fils de Dieu, Toi qui es ressuscité des morts, nous qui Te chantons : Alléluia. »
La Petite Entrée symbolise l’Incarnation du Christ dans le monde ; le diacre qui précède le prêtre au cours de la « Petite Entrée » figure Jean le Baptiste et le prêtre figure le Christ. [Note : dans notre paroisse d’Angers nous n’avons pas de diacre, et Père Emmanuel est accompagné des servants].
Ensuite, des hymnes liturgiques sont chantés, correspondant à la fête ou au jour (ces hymnes sont appelés « tropaires » et « kondakions »).
La Petite Entrée
Le Trisagion
Dans l’antiquité, la première partie de la Liturgie, écténies, psaumes, l’hymne « Fils unique … », ainsi que les prières qui les accompagnaient, était un office préparatoire, exécuté devant les portes fermées de l’église, lorsque les gens se rassemblaient et attendaient l’arrivée de l’évêque.
La Liturgie elle-même commençait après l’arrivée de l’évêque. Tous entraient dans l’église en chantant l’hymne « Saint Dieu, Saint Fort, Saint Immortel, ait pitié de nous », que nous appelons maintenant le « Trisagion ».
Lecture des Saintes Écritures, Sermon et Écténie
Suivent les lectures de l’Apôtre [un passage des épitres apostoliques] et de l’Évangile. Ces lectures au cours des liturgies permettent de lire presque tout le Nouveau Testament sur un cycle annuel.
Après le sermon (ou homélie) vient la triple ecténie [«Kyrie eleison» chanté trois fois], pendant laquelle le prêtre peut nommer des vivants et des défunts, les personnes pour lesquelles la Communauté souhaite prier plus intensément.
Lecture de l'évangile
La Liturgie Eucharistique
L’Hymne des Chérubins, la Grande Entrée et l’Ecténie de demande
Pendant le chant de l’« Hymne des Chérubins », une mélodie calme et priante transmettant l’atmosphère spirituelle de ce moment important de l’office divin, les prêtres et les servants sortent avec le Calice rempli de vin et la Patène portant la prosphore [ le vin et la phosphore sont appelé les Saints Dons], accomplissant ainsi la Grande Entrée.
Voici le texte de cet hymne : « Nous qui, dans ce mystère, représentons les chérubins et chantons l’hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité, déposons maintenant tous les soucis de cette vie. »
Les Saints Dons sont transportés de la Table de préparation, en passant par la Nef (la partie centrale de l’église qui accueille les fidèles) jusqu’à l’Autel. Avant d’entrer dans le sanctuaire devant l’autel le prêtre s’arrête et, face au peuple, commémore les évêques, le pays dans lequel nous vivons et tous les chrétiens.
Ensuite, il entre dans le sanctuaire et place les Saints Dons sur l’autel.
L’ « ecténie de demande » suit, où nous demandons au Seigneur de nous accorder la grâce, un ange gardien, la rémission de nos péchés, et de passer le reste de notre vie dans la paix et le repentir ainsi qu’une fin chrétienne « sans douleur, sans honte, et paisible ».
Le nom de l’« ecténie de demandes », correspond à la réponse à chacune de ses demandes chantée par le chœur: «Accorde, Seigneur».
La Grande Entrée
Le Symbole de la Foi et le Canon Eucharistique
Avant la consécration des Dons, le « Symbole de la Foi » [Crédo] est chanté, affirmant les croyances orthodoxes essentielles. Le « Symbole de la Foi » a été rédigé au IVème siècle, lors des premier et deuxième conciles œcuméniques. Il est proclamé à cet endroit de la liturgie pour souligner que seule une foi correcte [orthodoxe - du latin orthodoxus, du grec ὀρθόδοξος, orthodoxos, de ὀρθός, orthos (« droit ») et δόξα, doxa (« opinion, dogme, louange »)] nous permet de célébrer le sacrement de l’Eucharistie.
Ensuite, le prêtre récite le « Canon eucharistique » [règle eucharistique], par lequel le pain et le vin deviennent Corps et Sang du Christ.
Faisons connaissance avec quelques passages: « Il est digne et juste de Te chanter, de Te bénir… de Te rendre grâce… Toi, du néant Tu nous as amenés à l’être… Tu es saint, Tu es parfaitement saint, Toi et Ton Fils unique et Ton Esprit Saint … Toi qui as tant aimé le monde, jusqu’à donner ton Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle… ».
Puis le prêtre bénit les Saints Dons et dit : « Et fais de ce Pain, le Corps précieux de ton Christ. Amen. » ;« Et fais de ce qui est dans ce Calice, le Sang précieux de ton Christ. Amen. » ; « Opérant leur changement par ton Esprit Saint. Amen. Amen. Amen. »
Après cet instant, le pain et le vin deviennent le Corps véritable et le Sang véritable du Christ.
Quelques fois ces prières eucharistiques sont lues par le prêtre en secret. Mais, dans les cercles de l’Église orthodoxe, ces prières sont lues de plus en plus souvent à haute voix afin qu’elles puissent être entendues et que toutes les personnes présentes dans l’église puissent prier.
La Glorification de tous les Saints et de la Mère de Dieu
Le prêtre rend grâce pour le salut qui nous est donné, pour tous les saints et spécialement pour la Très Sainte Théotokos [Mère de Dieu], en proclamant : « Et avant tout, pour notre très sainte, immaculée, toute bénie et glorieuse Souveraine, la Mère de Dieu et toujours Vierge, Marie ».
Le chœur chante ensuite l’hymne : «Il est digne en vérité de Te bénir, ô Mère de Dieu… ».
Ensuite, le prêtre lit des prières « d’intercession » priant Dieu pour le monde entier et pour tous les chrétiens, vivants et morts.
L’Ecténie de Demande et le « Notre Père »
Une dernière ecténie est suivie de la prière du « Notre Père », qui est, dans certaines paroisses, récitée dans différentes langues, symbolisant ainsi l’universalité de notre foi.
La Communion et la Fin de la Liturgie
Le prêtre communie à l’autel et lit la prière « Je crois, Seigneur, et je confesse … », puis distribue la communion au peuple.
La fréquence de la communion doit être liée à une préparation spirituelle et, idéalement, pratiquée souvent. Notre Eglise nous donne les moyens de préparation à la communion : le jeûne, le carême, la confession, les prières. Si cette préparation est observée, et si notre père spirituel le bénit, alors nous pouvons recevoir plus souvent la sainte communion.
La Liturgie s’achève par des hymnes de remerciement et la bénédiction finale donnée par le prêtre.
Des prières de remerciement sont également lues après la communion.
Les Agapes : Un Moment de Communion et de Partage dans la Tradition Orthodoxe
Après la Divine Liturgie, il est fréquent que les fidèles se réunissent pour partager un repas fraternel, appelé Agapes, un mot d'origine grecque qui signifie "amour" ou "charité". Dans l'Église orthodoxe, cette tradition tire son inspiration des pratiques des premiers chrétiens, qui partageaient le pain et les repas en mémoire du Christ, renforçant ainsi l'unité de la communauté au-delà de la prière.
Les Agapes, bien plus qu'un simple repas, sont une prolongation de la communion spirituelle. Elles offrent aux fidèles un moment de convivialité, où chacun peut exprimer sa gratitude, échanger des nouvelles, partager des joies ou des difficultés, et accueillir les visiteurs ou les nouveaux venus. Elle permet aussi de soutenir ceux qui sont dans le besoin, en cultivant l'esprit de générosité et d'entraide.
Ce repas partagé rappelle que, tout comme dans l'Eucharistie, nous formons un seul corps en Christ, les liens de fraternité se prolongent dans la vie quotidienne, en soutenant l'esprit communautaire et l'amour du prochain.
Les agapes et la fin de la liturge dans la paroisse de l'Annonciation à Angers
D’après l’article « Liturgie. Bref commentaire » du site https://eglise-russe-liege.org/
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