Au-delà du permis
Ne ramenons pas la vie chrétienne au permis et à l’interdit. L’apôtre Paul dit : « nous avons toute liberté, mais tout n’est pas utile ». Nous avons toute liberté, mais il y a ce qui conduit à la vie et ce qui conduit à la mort. Ce sont les Deux Voies dont parle un texte ancien, la Didachè. Le critère de nos choix est celui de la vie ou de la mort. Tous les jours nous faisons des choix dans un sens ou dans un autre. Nous avons toute liberté, mais il y a ce qui nuit !
Au hasard de la vie
Le jeu en général, et le jeu d’argent en particulier, reviennent à confier son existence au hasard, à ce qu’on appelle la chance. Que l’on fasse cela, si l’on veut, notre vie n’a plus le même contenu. Régie par le hasard, par la chance ou la malchance, le bonheur ou le malheur, elle est comme un jouet, une balle poussée par le vent, un fétu de paille. Elle est insignifiante.
La religion de l’aléatoire
Considérer que le hasard gouverne notre vie et faire de lui une petite divinité à laquelle on remet son argent et éventuellement le bien-être de ses proches est une liberté, un choix. Mais vers qui se tourner quand le hasard nous trahit ? Ou bien, qui remercier quand la chance nous sourit ? Le jeu, les jeux de hasard, nous confinent dans un monde d’existence impersonnel. Ils nous confinent dans une forme d’idolâtrie, le hasard prenant toute la place que pourrait avoir une divinité ou même, à plus forte raison, un dieu personnel, celui qu’on appelle par excellence Dieu. Il n’y a pas de compatibilité entre le jeu et la foi en Dieu.
L’asservissement
Nous avons la liberté de nous livrer au jeu, comme à la boisson, à la passion sexuelle, à la drogue, à l’ambition politique, à l’amour du pouvoir, à la réussite professionnelle. Mais cette liberté est en réalité une liberté d’asservissement ! Grand bien te fasse si tu trouves ton bonheur dans la servitude… Un philosophe a écrit (F. Nietzsche) que l’homme préfère la servitude à la liberté parce qu’elle est plus confortable. On peut avancer au contraire que la servitude, les diverses formes d’esclavage qui existent en ce monde, constituent des mutilations graves de l’humanité de l’homme. Ce qui asservit, c’est la fascination, l’hypnose du gain hypothétique, et la soumission à un pouvoir. Dostoïvesky a décrit la problématique dans Le Joueur.
Avec tout cela, quel père spirituel te donnera la bénédiction pour jouer aux jeux d’argent et vendre ou louer ton âme à ceux qui détiennent un pouvoir sur toi? Et que dire des jeux qui ne sont pas ceux de l’argent, et qui asservissent jeunes et adultes ? Certains jeux ne tiennent pas à l’argent, et reposent sur la seule hypnose. Mais il est également des jeux qui exercent l’intelligence, la liberté, la créativité et l’amitié.